7. Les autres complications du diabète

les atteintes rhumatologiques

Nous en citerons quelques unes des plus fréquentes :

La capsulite rétractile de l’épaule : la capsule de l’épaule c’est la coiffe arrondie qui entoure l’articulation de l’épaule et permet des mouvements huilés et faciles. Lorsque celle-ci est abîmée au cours du diabète, c’est à cause d’une fibrose avec rétraction. Disons qu’elle est en quelque sorte grippée, comme le serait un appareil ménager. En tout état de cause, le résultat c’est une limitation modérément douloureuse des mouvements de l’épaule.

La maladie de Dupuytren se développe au niveau des mains. C’est une maladie qui affecte ce que l’on nomme l’aponévrose de la main. Ce nom désigne un film fin qui, à la manière d’un emballage comme du « film fraîcheur alimentaire » par exemple, protège les muscles, les nerfs et les vaisseaux de la main. Dans la maladie de Dupuytren, l’aponévrose s’épaissit et se rétracte progressivement. Au début cela forme des boules que l’on peut palper dans la paume de la main. Puis apparaissent des sortes de « cordes » ou de brides qui courent sous la peau dans la main et qui empêchent d’étendre complètement les doigts.

– Au niveau du poignet, les artères et les nerfs passent sous un pont qui s’appelle le canal carpien. Le syndrome du canal carpien se traduit par des engourdissements et des picotements, puis de véritables douleurs à la main, douleurs qui remontent souvent vers le coude. Cette gêne peut ne toucher qu’un seul doigt ou plusieurs, mais elle épargne habituellement le petit doigt.

Ces phénomènes ne sont pas réservés au diabète mais ils sont plus fréquents quand on est atteint du diabète. Par malchance, on peut avoir plusieurs de ces atteintes. Plus le diabète est ancien, plus la personne diabétique est âgée, plus on a de probabilité de voir apparaître ces maladies. En revanche, l’équilibre des glycémies ne semble pas jouer de rôle. Ces maladies doivent être prises en charge par un rhumatologue. Faites lui connaître votre diabète, car s’il veut prescrire de la cortisone, en cachet ou en infiltration, celle-ci peut être à l’origine d’un déséquilibre du diabète (voir chapitre correspondant).

les atteintes dermatologiques

Certaines maladies dermatologiques rares sont un peu plus fréquentes chez les personnes diabétiques. Ces maladies ne sont pas vraiment des complications du diabète et leurs rapports avec le diabète restent obscurs. Mais il est vrai qu’on trouve plus de diabétiques que de non diabétiques parmi les gens qui en sont affectés.

Ces maladies ont des noms barbares. Nous ne ferons que citer leur nom : la nécrobiose lipoïdique, le granulome annulaire, l’acanthosis nigricans,  la bullose … Autant pour le diagnostic que pour le traitement, elles relèvent du spécialiste en dermatologie.

Les infections bactériennes ou mycosiques (champignons) : la fréquence des infections cutanées n’est pas plus élevée chez les diabétiques bien équilibrés que dans la population générale. En revanche, le diabète déséquilibré favorise leur éclosion.

Les infections « classiques » du diabétique sont

– les infections à staphylocoque : furoncles, impétigo, erysipèle;

– les infections à candida encore appelées candidose ou encore mycose : elles sont responsables chez la femme de vulvo-vaginite (atteinte de la vulve et du vagin avec démangeaisons) ou chez l’homme de balanite (atteinte du gland).

Le traitement de chacun de ces infections est le même que chez les non diabétiques (désinfection, antibiotiques, antimycosiques). Évidemment, il faut également équilibrer au mieux le diabète.

les problèmes dentaires

Le diabétique bien équilibré n’a pas plus de problèmes dentaires que le sujet non diabétique :

Les caries dentaires peuvent survenir comme tout un chacun, mais elles sont plus fréquentes quand le diabète est déséquilibré. Attention, elles peuvent être à l’origine de petites infections sournoises qui peuvent déséquilibrer le diabète.

La maladie parodontale (ce nom désigne la maladie de tout ce qui soutient la dent : gencive, os, racine) est également plus fréquente en cas de déséquilibre du diabète. Le risque encouru est le déchaussement des dents, c’est à dire que, les dents, qui ne sont plus soutenues se détachent de la gencive et tombent.

Le tartre est plus fréquent. Il favorise les caries et participe à la maladie parodontale

D’où l’importance d’une bonne hygiène des dents : un brossage régulier après chaque repas, des visites systématiques une fois par an chez son dentiste, un détartrage annuel. Sans oublier les conseils concernant l’alcool et le tabac.

Curieusement, certains dentistes « ont peur » de soigner les dents des diabétiques, alors qu’au contraire, elles doivent bénéficier de soins plus urgent.

Ces soins n’ont pas d’autres spécificités (antibiotiques nécessaires pour les extractions par exemple)

les problèmes hépatiques (foie)

Le diabète peut être à l’origine d’une stéatose hépatique non alcoolique.

La « stéatose hépatique » signifie que le foie est surchargé en graisse. Le plus souvent, la stéatose hépatique est due à une surconsommation d’alcool. Dans le cas présent, on parle de « stéatose non alcoolique » car c’est le diabète déséquilibré qui en est à l’origine. Il s’agit en général d’un diabète de type 2 avec un surpoids.

La graisse responsable de la stéatose provient des triglycérides augmentés qui s’accumulent dans le sang et se déposent dans le foie. Votre foie est alors comparable à un « foie gras » et la stéatose peut conduire à la cirrhose ( c’est à dire à la destruction des cellules du foie).

Le traitement de cette complication est d’abord et avant tout l’hygiène de vie c’est à dire une diététique, bien sûr sans alcool, qui doit aboutir à retrouver votre poids idéal, sans oublier l’exercice physique régulier. Ces mesures ont un effet sur la stéatose hépatique mais aussi sur votre équilibre glycémique(revoyez les chapitres diététique, et exercice physique).Vous devez également obtenir un bilan lipidique parfait, en particulier un dosage normal des triglycérides. Enfin votre diabète doit être équilibré avec un bon objectif d’HbA1c . Le dosage des marqueurs hépatiques (transaminases et gamma GT) au laboratoire sera également un élément de la surveillance de cette maladie

l’impuissance ou la dysfonction érectile chez l’homme

L’impuissance est-elle plus fréquente quand on est diabétique ? Non si votre diabète est bien équilibré et sans complications. Oui si vous avez des complications de neuropathie ou d’artériopathie, ce qui ne peut survenir avant plusieurs dizaines d’années de diabète mal soigné.

J’ai un diabète bien équilibré, sans complications et pourtant j’ai un problème d’érection : pourquoi? Parce que vous êtes comme tout le monde avec des soucis, de la fatigue, des problèmes : une « panne » transitoire de l’érection est possible, plus fréquente que l’on imagine et il ne faut pas accuser systématiquement votre diabète ! L’angoisse de performance existe chez tout le monde.

Une cause très fréquente de trouble de l’érection : les médicaments, notamment pour traiter l’hypertension artérielle ou les augmentations des lipides. Parlez en donc à votre médecin qui pourra faire des essais en changeant certains médicaments.

N’hésitez pas à aborder ce sujet avec votre médecin ! Il pourra en rechercher la cause et vous proposer un traitement, vous adresser à une consultation spécialisée en urologie ou vous proposer une hospitalisation d’une journée dans certains services de diabétologie : en effet de plus en plus de services de diabétologie ont organisé une hospitalisation en hôpital de jour pour ce type de problème. Des traitements efficaces existent.

l’atteinte des pieds

Comment savoir si vos pieds sont en danger (on appelle cela le risque podologique)? Les pieds peuvent être atteints de deux manières. Il y a d’une part l’atteinte des nerfs, ce que l’on appelle la polyneuropathie distale et symétrique. Celle-ci supprime le signal d’alerte qu’est la douleur. Il y a d’autre part l’atteinte des artères; que l’on nomme artérite. Celle-là diminue l’arrivée du sang au niveau des pieds . Le médecin peut vous renseigner sur ces complications. Vous même, vous pouvez vérifier la sensibilité de vos pieds par comparaison avec vos mains : sentez vous bien la température de l’eau de la douche ou du bain? Percevez vous bien la fraîcheur du carrelage de la salle de bain? Sentez vous bien un corps étranger dans vos chaussures?

Le médecin peut également rechercher la neuropathie grace à un petit filament. Il peut s’aider du questionnaire DN4 qui établit un score de risque neuropathique (mettre questionnaire DN4 dans google pour telecharger ce questionnaire). Il peut rechercher une artériopathie

On parle de grade 0 s’il n’existe ni neuropathie, ni artériopathie :  devez vous protéger vos pieds ? Dans ce cas, vous êtes comme tout le monde, sans plus de risque podologique. Vous devez éviter la survenue de ces complications par un bon équilibre de votre diabète, éviter le tabac, facteur de risque de l’artérite et garder une grande modération vis à vis de l’alcool, facteur de risque de la neuropathie. Vous devez respecter une bonne hygiène, rien de plus que ce que tout le monde devrait faire : lavez tous les jours vos pieds et séchez les bien entre les orteils, changez régulièrement de chaussettes, appliquez une crème hydratante si vous avez de la corne ou les pieds secs.

On parle de grade 1 s’il existe une neuropathie sans artériopathie : le risque de lésion du pied est multiplié par 5 : il faut appliquer les mesures de protection ci-dessous détaillées.

On parle de grade 2 s’il existe une neuropathie et une artériopathie : le risque de lésion est multiplié par 10

On parle de grade 3 s’il existe en plus des antécédents d’amputation ou de plaie traînante depuis plus de 4 semaines : le risque d’une nouvelle lésion est multiplié par 25

Vous avez de l’artérite ou une neuropathie (grade 1  2 ou 3) comment protéger vos pieds ? Les règles d’hygiène mentionnées ci-dessus sont encore plus importantes. Mais il vous faut aussi apprendre à connaître les ennemis du pied, pour éviter les plaies qui sont toujours à l’origine des amputations.

Les chaussures, ennemi numéro 1 : elles doivent être en cuir souple, sans couture interne, assez larges. Il est préférable de les acheter en fin de journée, lorsque vos pieds sont un peu gonflés. Portez progressivement vos chaussures neuves, en alternant avec la paire plus ancienne. Avant chaque chaussage, vous devez vérifier avec la main qu’il n’y a pas de corps étranger à l’intérieur, de clou qui dépasse, de couture trop saillante…. Mettez toujours des chaussettes en fibre naturelle (coton par exemple), y compris l’été.

Les corps étrangers : ne marchez jamais pieds nus, ni à la maison, ni en vacances l’été. A la mer mettez des chaussons en caoutchouc comme les véliplanchistes pour vous baigner.

La corne (cors, durillon, corne talonnière) : surtout n’utilisez pas les ciseaux, lames, ou coricides. Il faut appliquer tous les jours une crème hydratante grasse ou de la vaseline pour éviter que cette corne se reproduise ou qu’elle fissure. Retirez la corne après lavage des pieds (elle est alors plus molle) avec des instruments non agressifs, pierre ponce ou petite meule électrique à pile (que l’on trouve chez le pharmacien ou dans les catalogues de vente par correspondance).

Les ongles : ne coupez pas vos ongles trop court, n’allez pas dans les côtés, utilisez des ciseaux à bout rond, et n’hésitez pas à recourir au pédicure-podologue informé du risque. Vous pouvez également utiliser la petite meule électrique évoquée au chapitre précédent pour les raccourcir et les désépaissir.

Les mycoses : elles sont dues à un champignon et sont favorisées par l’humidité. Pour les éviter, lavez vos pieds tous les jours et séchez les bien entre les orteils, changez régulièrement de chaussettes qui doivent être en fibre naturelle (coton par exemple), mettez des chaussons fermés style « charentaise » en arrivant chez vous. En cas de mycose, préférez un produit anti-mycosique en poudre et évitez les crèmes ou les gels qui favorisent la macération.

Les sources de chaleur : méfiez vous des radiateurs, des bouillottes, feux de cheminée ou bitume chaud l’été : n’y mettez pas les pieds nus. Testez la température de l’eau du bain avec la main ou un thermomètre avant d’y plonger le pied.

Apprenez à examiner vos pieds tous les jours, au besoin avec un miroir pour en voir le dessous, sans oublier l’espace situé entre les orteils.

Les soins de prévention auprès des pédicures-podologues sont pris en charge par l’assurance maladie pour les patients en grade 2 (4 séances par an) ou en grade 3 (6 séances par an).

Que faire en cas de plaie d’un pied ? Essayez de comprendre aussitôt la cause de cette blessure pour qu’elle ne se reproduise pas à l’avenir. Nettoyez la blessure à l’eau et au savon de Marseille. Faite un pansement avec des compresses et une bande mais ne collez pas d’adhésif sur la peau, car vous risqueriez d’arracher la peau en le retirant. Supprimez tout appui ou frottement en regard de la plaie : c’est essentiel, sinon n’espérez pas cicatriser ! Consultez votre médecin sans tarder. Consultez rapidement un centre spécialisé « pied diabétique ».

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